Etre artiste … Ce ne fut pas un choix calculé, et il semblerait que j'aie une âme d'artiste. Toute petite, on m'appelait "l'artiste", ce qui signifiait, parfois avec un brin de mépris, "la marginale", celle qui ne fait rien comme les autres, mais aussi qui adore les faire rire ou les intriguer avec des idées "bizarres" et les histoires qu'elle raconte. Il faut dire qu'alors, avoir une âme d' artiste c'est plutôt mal vu, ce n'est pas un métier qui sert à quelque chose…ah, oui, vous dites que cela n'a pas changé ? Ce qui a changé, et je n'ai pas vraiment compris pourquoi, c'est que, maintenant, ça "fait plutôt bien" et on dirait parfois que tout le monde veut être artiste, comme si l'on pouvait se fabriquer une âme d'artiste. Bref, malgré des parents formidables qui me soutiennent avec beaucoup d'amour, je m'oriente différemment, cherchant le métier respectable à faire. Mais dans le non respectable de l'époque, je cumule en divorçant, et, outrage suprême à la société, en ne procréant pas !!! Et alors, mes oeuvres c'est quoi ? ça ne vient pas de mes tripes peut-être ! Je vous entends : ce n'est pas pareil quand même ! Vous devez avoir raison, la majorité a toujours raison. Alors, je reste dans le "visuel" qui devient très "tendance" (on dit alors "dans le vent"). C'est ainsi que je deviens graphiste, et je débute en dessinant des étiquettes de vin !..Bon début …D'ailleurs, l'un de mes ancêtres en vendait …du vin, issu de sa petite vigne languedocienne. Cela a un sens, non?..
Mieux que d'être un banal "peintre du dimanche", comme le souligne dans une réunion de graphistes, l'un d'eux, avec un certain dédain ! Merci à lui qui me fait prendre un jour (enfin) la décision d'être aussi peintre de la semaine, puis de communiquer à d'autres ce que mon expérience m'a apprise. Enfin je commence à être libre d'affirmer "je suis artiste-peintre", car, des différents arts que j'ai cotoyés, le mien , celui dans lequel "je suis tombée quand j'étais petite" (j'espère que vous apprécierez mes références littéraires!) c'est la peinture.
La peinture… J'y ai plongé mes mains très tôt et j'ai dû me shooter plus d'une fois avec son parfum de térébentine (il doit y avoir un H quelque part ?). en fait, mon père, ma mère, ma grand-mère …mes ainés donc, avaient la délicatesse de me laisser les fonds des pots de peinture aux bords dégoulinants qu'ils utilisaient pour peindre les barques en bois qu'ils fabriquaient près du lac du Bourget. Trésor incomparable pour une enfant du "baby-boom" , que j'utilisais pour peindre sur des grands cartons d'emballage, mais comme les pinceaux auxquels j'avais droit étaint des moignons de pinceaux, je les utilisais comme outils de projection, comme je voyais faire monsieur le curé avec l'eau bénite …Et c'est ainsi qu'est né le "dripping"!…Nooon ! je plaisante ! il parait que les artistes sont mégalos !…mais si j'avais rencontré Monsieur Pollock , il aurait peut-être été amusé.
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Libertés aquatiques 2011 Huile 100x100cm
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En réalité, la peinture, c'est mon deuxième baptème paien, car le premier, c'est le lac du Bourget, et, petit à petit, au fil du temps, mes deux amours se sont conjugués pour accomplir sans doute l'objectif que mon âme s'est donné. Je crois d'ailleurs que je finirai ma vie en ne peignant que l'eau du lac du Bourget (mais, à l'huile) , chargée de ses souffrances et de sa lumière à nulle autre comparable. Cette eau et ces berges, c'est ma maison, mon refuge, mes joies et ma tristesse. Lorsque je peints "Le" lac je ne peints pas son image ( cela je le réserve à la photo), je suis le lac, je suis ses brumes, je suis ses transparences, je suis ses couleurs et ses humeurs changeantes, son énergie douce ou sauvage…Enfin, quand je te peints "ô lac, rochers muets…" le cours du temps s'arrête et je vis.
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